**Là, au coin de mon lit, y à une vieille malle.**

Je l'avais sortie, il y à deux ans, pour y enfermer mes souvenirs.

Elle est pas belle, en métal. C'est tout ce qu'il me fallait. Une boite qui ferme bien et qui donne pas envie de l'ouvrir.

Assez grande, froide. Même en été. Coupante aussi. A l'image de ce que j'allais y déposer. De quoi y faire tenir une longue année.

Calée dans de grosses fardes, avec toutes nos photos. Tous ces journaux, avec tous ces moments magiques.
Magiques On disait.
Je sais pas toi, mais moi, j'y croyais..

Mes journaux et les tiens aussi, que tu m'avais donné. Pour que je te connaisse par coeur, le passé compris. Je me souviens ton écriture et tes mots jamais écrits deux fois pareil. Puis, nos journaux aussi. Ceux qu'on remplissait à deux, dans le fond du jardin.

Tout ça dans ma vieille malle. Notre vie d'avant pleine de mots,de dessins. De fleurs séchées.

Et nOs photos. Nos photos qui me faisaient rougir quand je les regardais toutes seule. J'ai jamais su dire pourquoi. Peut-être que le bonheur faisait peur à Observer.
Nous deux, ça paraîssait trop joli sur papier.

**J'ai jamais vraiment aimé mon moi, tu sais, le moi extérieur.**

Celui qui se reflète dans le miroir, et dans les yeux des gens..

Ben, quand je le voyais, immobilisé sur pellicule, avec toi juste à coté, ça rendait tout magnifique.
A mes yeux. A tes yeux. Aux yeux du mOnde.

Le monde, c'était nous et juste nous. Les autres, pas besoin On disait.
Je passais des heures, le soir, à rougir dans le nOir..

Et le jour Ou il a fallu partir, c'était Obligé, c'était pas possible autrement, tu m'aimais plus alors, fallait bien que tu t'en ailles..

Ce jOur là, je me disais que continuer à rougir, avec les yeux trempés, j'y arriverais pas.

J'ai décidé de t'enfermer tout entier, dans cette grande malle.
D'en garder la clé, pour quand je serai plus malade de toi..

Et c'est ce soir, que j'ai la clé en main. Ce soir que je crois je ne rougirai plus en nous revoyant.

J'en peux plus d'attendre. Je veux nous revoir, pour être sûre que c'est bien fini.
Pour moi aussi.

Ce soir, au pied de mon lit, à coté de ma malle, y à un petit tas.
Je suis roulée en boule et je nous mange des yeux.